La pénurie européenne d’approvisionnements de matières premières plastiques qui avait débuté au début de l’année 2015 continue de prendre de l’ampleur. Cette situation pèse sur la croissance des entreprises du secteur et inquiète les plasturgistes français.
Des cas de forces majeures qui bloquent les acteurs du secteur
Depuis plusieurs mois, la Fédération de la Plasturgie et des Composites met en garde les producteurs de matières premières et les industriels sur les difficultés que rencontrent les plasturgistes quant à leur approvisionnement en polymères et notamment sur certains grades de polyéthylène (PE) et de polypropylène (PP).
A l’origine de cette carence, des cas de « Force majeure » et des fermetures pour maintenance évoqués par les fabricants de matières premières. Sur les 12 fabricants de polyéthylène en ‘Europe, 9 cas de force majeure sont recensés. Au total ; il s’agit de 38 cas de force majeure qui ont été annoncés en trois semaines, soit trois fois plus qu’à l’accoutumé.
Des chiffres qui ont du mal à être pris au sérieux par l’ensemble des transformateurs qui soupçonne les fabricants d’entretenir la pénurie en Europe pour servir en priorité les marchés asiatique et américain et faire remonter les cours du plastique.
En grande partie composé de PME et d’ETI, le secteur plasturgique voit actuellement certaines entreprises arrêter leurs lignes de production, et ne plus pouvoir livrer leurs clients. Près de 12% des capacités de production seraient à l’arrêt.
Des matières premières de plus en plus chères
L’autre explication de cette crise vient de l’envolée très rapide du coût des principales matières, comme le polyéthylène, qui ont atteint 60% de février à avril 2015. « Nous nous retrouvons face à des niveaux de prix identiques à ceux d’avril 2014, alors que le prix du pétrole a été divisé par deux depuis cette date. »ajoute Jean MARTIN, Délégué Général de la Fédération
Des hausses qui peuvent relativisées car les prix des polymères avaient baissé significativement depuis septembre 2014 pour atteindre un prix plancher en février 2015. « Comparées au mois de juillet 2014, ces hausses n’ont été que de 5 % ou 15 % », insiste Michel Loubry, directeur régional de Plastics Europe,
Dans le même temps, la forte dépréciation de l’euro par rapport au dollar a brutalement changé les flux d’importations et d’exportations en polymères et en monomères. Avec une valeur Euro qui a chuté de 17% d’octobre 2014 à avril 2015 (source : zonebourse.com), exporter vers l’Europe est devenu évidemment beaucoup moins attractif. Malgré un léger regain de l’évolution de la parité Euro/Dollar, le marché n’est plus aussi attrayant. L’attractivité des zones dollars reste plus forte.
Une crise qui touche l’Europe entière
Cette situation critique touche l’Europe dans son ensemble : la France, l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, l’Espagne et l’Italie sont touchés de plein fouet par cette pénurie de matières premières.
Les transformateurs européens ont décidé de réagir et par le biais de l’assemblée générale la Confédération européenne de la plasturgie (EuPC, European Plastics Converters) en lançant l’Alliance stratégique pour l’Approvisionnement de Polymères en Europe (Strategic Alliance for European polymer supplies).
Il faut absolument réagir, car c’est toute la filière qui est menacée ! » s’inquiète Florence POIVEY Présidente de la Fédération.
Cet organisme aura pour objectif de favoriser le dialogue et la vision long-terme de la chaîne d’approvisionnement et demander l’interruption rapide des taxes sur l’importation de certaines matières en cas de pénurie en Europe.
Ce mouvement représente un espoir concret pour la filière de la plasturgie en Europe. Parcourez cet article pour plus d’information sur cette alliance européenne : http://www.laplasturgie.fr/creation-de-lalliance-pour-lapprovisionnement-de-polymeres-en-europe-pour-resoudre-la-penurie-de-matieres-premieres-a-lechelle-europeenne/
La tendance à venir
Malgré un environnement toujours très incertain, la situation semble tendre vers une amélioration progressive. On note, depuis septembre, une légère baisse des prix qui permet aux dirigeants de la filière plasturgique de montrer un peu d’optimisme.
Globalement, cette crise est surtout une occasion pour les acteurs du secteur de se questionner sur l’avenir de la profession et la place de la pétrochimie en Europe.
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